(my sister is my monster)

prénom ▬ Yûmi, ou ce qu'il en reste, des débris d'une âme brisée comme son corps cassé. surnom éventuel ▬ Yû, poupée nipponne au coeur de sucre, le surnom se croque, glisse sur le long du palais, s'écrase contre les parois de la gorge des rares personnes qui ont eu à le prononcer sur l'île.  âge ▬ 18 années à se chercher dans une autre pour finir sur le bitume. Écrasé l'insecte difforme, chenille à jamais coincé dans son statut de larve, papillon détruit. date et lieu de naissance ▬ Sapporo, Hokkaidō. Le mois du gémeaux, des instables courant après leurs rêves chimériques. nationalité, langues parlées ▬ d'origine japonaise, elle pourrait parler le français mais ne pratique que le japonais puisque l'extérieur lui fait horreur. études, travail ▬ des cours par correspondance, éviter d'afficher son handicap, fuir les autres. classe sociale ▬ aisée en déclin. statut civil ▬ personne ne voudrait d'une femme-enfant coincée dans un fauteuil à roulettes, avançant à tâtons puisqu'elle ne peut voir que des souvenirs à travers ses yeux incapables. orientation sexuelle ▬ elle n'en rêve plus. qualités, défauts ▬ rancunière, psychotique, destructrice, réfléchie, pudique, malêtre, blessée, blessante, fragile, forte, paradoxale, instable, douce, polie, spontanée, perdue.  phobie(s) ▬ qu'on l'abandonne dans sa condition. allergie(s) ▬ aucune. avatar ▬ yuka mannami.

---

is that your life ? ▬ I. pensée une. V I C T I M E. N'oubliez jamais que c'est moi la victime. Lisez mes pensées mais jamais ne perdez de vue que je suis celle qui sur le bitume a été réduite à néant. Sur mon cercueil je veux qu'on le grave, dans mes os sillonner le mot. victime. et sur la peau opalescente de mon agresseur; coupable en lettres rouges amarante. II. pensée deux. Plus jolie, elle l'a toujours été. poupée aux airs innocents, la douce erreur de jugement. père et mère m'ont toujours préférée à ses joues gonflées et ses répliques doucereuse. moi, le regard acide, les manières travaillées, les émotions dissimulées, le travail acharné. malgré ça, je n'ai jamais été plus qu'une rien. malgré ça, mon âme toute entière enviait miuna et ses pêchés. l'accident a au moins le mérite de m'offrir les moyens de tirer vers le bas celle qui pensait savoir s'élever au-dessus de tout, au-dessus des parents, au-dessus de moi. et cette fois, grand-mère elle-même n'y peut plus rien. III. pensée trois. roues libres. elle est rentrée si tard et m'a laissée crever de solitude dans cet appartement triste. elle n'a répondu à aucun messages. il a fallu que je passe à l'acte et mes dans les escaliers j'ai laissé mes roues s'affoler. puis quand elle est arrivée, elle s'est jetée sur mon corps échoué sur le sol froid. j'avais ce sourire malsain qui me va si bien. une douleur se propageant dans tout mon corps, corps inerte à jamais. j'ai murmuré que je voulais sortir, moi aussi, mais qu'à cause d'elle, ma vie n'était pas adaptée à la solitude d'une promenade seule. et puis les gens me fixerait. ils disent toujours que non mais qui peut s'en empêcher? si je pouvais voir mon reflet de poupée abîmée dans un miroir, je fixerai sans relâche pour savoir où tout a bien pu commencé -était-ce la colonne ou juste les jambes? un accident de voiture? une chute? une balle déplacée? pauvre gamine. IV. pensée quatre. il a osé me dire que c'était pas bien, que c'était pas beau, que c'était ma soeur, quand même. juste comme ça, comme si c'était la chose la plus normale du monde. une déclaration bénigne. moi j'ai balayé la critique et ait demandé qu'il me raconte sa journée en détail. il ne comprend pas que c'est MA soeur, que je l'aime à MA façon et qu'elle m'aime en retour. elle sait pourquoi des choses comme ça lui arrive, elle a privé mon futur de s'épanouir. à défaut de lui briser les os, je brise sa liberté, m'attachant tout particulièrement à ces petites libertés auxquelles on ne pense pas spécialement. mais aussi la liberté de jouir de ses passions. V. pensée cinq. imaginez nos vies si rien d'aussi grave n'était arrivé, imaginez-nous prenant l'avion pour tokyo, mangeant notre bol de ramen à chaque pause -comme les soeurs qu'on a toujours été, avant l'accident. parfois j'imagine et des perles salées coulent le long de mon visage. l'autre jour, j'imaginais et je n'ai pas entendu la porte s'ouvrir. miuna s'en allait et laissait entrer un infirmier -pour mon bien, papa et maman insistait. je refusait d'en voir un. j'avais demandé à miuna de nier les demandes insistantes. puis il s'est installé à mon chevet et m'a aidé à prendre place dans mon fauteuil. deux fois par semaine, il vient pour vérifier que je m'occupe bien de moi-même -que je ne me laisse pas mourir. deux fois par semaine il me répète ce que le médecin m'a déjà annoncé -il est possible que je recouvre la vue et la motricité, problèmes causés par le traumatisme mais il est fort possible que la tumeur qui se développe là-haut, dans ma tête, soit incurable. peut-être faudrait-il songer aux cures. avec un peu de chance, je serai encore miraculée, quel bonheur. cette fois-ci, je ne perdrai alors que ma voix et ma capacité à penser. VI. fait premier. yû possède des tas de produits nintendo et adore l'univers de chacun des jeux proposé par la compagnie (notamment animal crossing, kirby et pokemon). elle possède également une collection de mangas et dvd d'anime qui bat tous les records (pour une personne vivant sur un territoire qualifiable d'occidental). mais depuis qu'elle est aveugle, il s'agit plutôt d'oublier qu'elle possède tout cela. un jour, une personne attentionnée à décidé de l'aider à compléter sa collection avec un magnifique manga en braille mais à une condition: qu'elle arrête de se faire du mal. personne n'en valait la peine, selon lui. elle ne promit rien. cependant, elle sentit en son coeur de glace comme une plaie enflammée, réchauffante; le bonheur. VII. fait second. yû aime vraiment sa soeur. elle a juste peur d'être seule. puis depuis qu'elle passe du temps avec le bonheur, elle oublie parfois de regarder l'heure. peut-être même qu'elle commence à sentir ses orteils se dégourdir -parce qu'en vérité, le traumatisme l'a paralysée des jambes et de la vue. elle est la seule qui possède des droits sur miuna -droit de lui rappeler qu'elle l'a blessée, qu'elle se doit d'être une soeur parfaite, une soeur-amie. peut-être qu'un jour on lui frappera assez fort sur la tête pour qu'elle retrouve ses dons perdus. VIII. écrire ici. IX. fait troisième. chaque année, parfois plus, yû retourne au japon et miuna reste sur l'île sur demande de ses parents -et potentiellement sur sa demande. mais elle le voit que ça la blesse, elle commence enfin à ressentir compassion et malêtre pour la situation dans laquelle sa soeur est plongée, elle qui s'est maintes fois précipitée sur le combinée pour prévenir que miuna l'a poussée, que miuna s'est moquée d'elle, que miuna a agité son couteau en sa direction ... ses parents pensent peut-être trop fort que miuna veut effrayer sa pauvre soeur. X. fait quatrième. même si yû se sent désormais coupable pour certaines choses, entre autres, le fait que miuna ne puisse s'envoler vers le japon avec l'argent des parents chaque année comme elle le fait, elle demeure rongée par une solitude dans laquelle accusera toujours miuna de l'avoir plongée. c'est pourquoi le carcan qui a tendance à se faire trop grand se voit resserrer autour des poignets de celle qui l'a trahie. XI. fait cinquième. l'air frais lui manque. mais elle n'ose pas s'offrir au monde extérieur. elle préfère pâlir dans sa tour, se contentant des visites de médecins quand sa soeur n'est pas là. et puis d'ouvrir une fenêtre parfois. XII. fait sixième. il lui arrive de penser à l'amour, parfois. elle se demande si miuna l'a connu. elle n'a jamais vraiment connu de sentiments amoureux, l'amour fort, comme ceux qu'elle a vu naître dans des films et des livres. sans doute est-ce naïf, dit comme ça, mais Yû l'attend toujours cet amour qui l'élèvera et lui rendra son âme.  XIII. miracle. yû n'est plus plongée dans le noir; ce sont des formes colorées, des personnages flous dont elle ne saurait dire s'ils sont mouvants ou immobiles. mais elle voit les couleurs, des perles salées se sont échouées sur ses joues lorsqu'elle a commencé à recouvrer la vue. XIV. regret. la peur du rejet définitif de la part de sa soeur. elle ne gagnera plus sa confiance, son amour réel et ancré ailleurs que dans des ordres lui commandant de rester à ses côtés, toujours. le jour où miuna sera libérée de ses carcans, mise sur un piédestal à nouveau, yû perdra toute l'étreinte de sa soeur et sombrera dans le regret. XV. la prochaine fois, elle emmènera miuna avec elle voir la famille et serrer dans ses bras la grand-mère qui lui manque tant. et puis elle verra dans ses yeux du bonheur réel, celui dont elle la prive et dont elle la privera tant qu'elle s'en sentira capable -pour son bien égoïste, pour soulager ses angoisses personnelles.